J’ai participé jeudi 9 décembre au colloque organisé par le Cérémé, organisme de réflexion sur les enjeux de la politique énergétique.
Face au défi climatique, mais aussi à celui du pouvoir d’achat des Français et celui de la réindustrialisation de notre pays, les intervenants, tous experts reconnus, ont montré à quel point une politique énergétique de long terme est l’une des conditions majeures de notre souveraineté nationale.
A ce titre, l’énergie nucléaire décarbonée a pour notre pays une place stratégique. C’est l’une des rares filières industrielles où, grâce à une politique continue engagée par le Général de Gaulle, notre pays est resté l’un des plus compétitifs. L’électricité française, dont la place ne peut que s’accroître dans l’avenir est produite à 80% sans émission de gaz à effet de serre grâce aux centrales nucléaires et à l’hydraulique.
Mais notre prééminence énergétique est remise en cause par des abandons successifs à l’instar de la fermeture de la centrale de Fessenheim et de l’arrêt de la recherche sur le réacteur Astrid qui permet de recycler les déchets.
D’autre part, l’unification de la politique énergétique européenne pénalise notre filière et notre compétitivité. En effet, le prix de l’électricité se trouve de fait dépendant en période de forte consommation du prix du gaz allemand car, pour faire face aux besoins de pointe, l’Allemagne est contrainte de remettre en route toutes ses centrales thermiques à gaz et même ses centrales à charbon fortement émettrices de CO2.
En conséquence, au lieu d’avoir des prix stables et compétitifs grâce à notre politique nationale de production d’électricité décarbonée à partir du nucléaire et de l’hydraulique, le marché européen de l’électricité nous aligne sur l’évolution du prix du gaz au détriment du pouvoir d’achat des ménages et de la compétitivité de nos entreprises fortement consommatrices d’énergie.
Et si nous ne réagissons pas rapidement en relançant la construction de nouvelles centrales nucléaires (EPR), notre dépendance au gaz, énergie fossile, ne va que s’accentuer, en raison notamment de la fermeture progressive des centrales nucléaires allemandes. Or le gaz nécessaire au fonctionnement des centrales thermiques n’est pas extrait en Allemagne mais en Russie. Il devient un enjeu géopolitique majeur comme le montrent les menaces, voire le chantage exercé sur l’Europe par les dirigeants russes.
Jamais autant qu’aujourd’hui et plus encore demain, la politique énergétique et donc, en France, la relance du nucléaire n’est et ne sera au cœur de notre souveraineté nationale.
Que dire des énergies renouvelables intermittentes, éolien, solaire etc. dans ces enjeux ? Elles doivent continuer d’être développées. Mais elles ne sont pas en mesure de garantir notre souveraineté nationale, de protéger le pouvoir d’achat des Français, d’améliorer la compétitivité de nos entreprises. Leur intermittence (pas de vent, pas de soleil), les coûts considérables d’acheminement et de stockage limitent leur efficacité. Les oppositions engendrées par leurs nuisances, paysages abîmés par l’éolien par exemple, sont de plus en plus vives chez nos concitoyens. Quant à l’hydrogène, n’oublions pas qu’il est produit par électrolyse à partir d’une très forte consommation d’électricité, ce qui nous renvoie à l’analyse précédente.
On le constate déjà, il faut s’en réjouir, les enjeux de la politique énergétique française vont être au cœur de la campagne présidentielle. Pour la droite républicaine, ils passent par la relance du nucléaire. Et un objectif essentiel fait quant à lui consensus : la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas et les politiques d’économies d’énergie devront être constamment renforcées.